De la force du dialogue

La Constitution avance bon train. Certes nous avons dû nous arrêter quelques mois l’an passé en raison du, vous le savez, COVID 19, mais nous sommes aujourd’hui au pied de la première lecture. Celle-ci se déroulera courant septembre et octobre 2021. Elle aura comme dessein d’examiner, de discuter, et voter un avant-projet de notre Constitution élaboré par les différentes commissions thématiques. Celui-ci a également été travaillée par une commission de redaction, chargée de la mise en forme du texte. Arriver à cette esquisse ne fut pas une mince affaire. Et dans certaines commissions, le chemin fut plus escarpé que dans d’autres…

Je crois que nous pouvons le dire, la commission thématique « 2 », tout particulièrement. Commission dans laquelle je siège et qui se charge de l’écriture des droits fondamentaux.
Du fait, notamment, d’embûches lors de la lecture des principes. Durant ces plénums, une première discussion autour d’idées clés des différentes commissions aurait dû être menée. Cela n’a pas été le cas pour le chapitre des droits fondamentaux.
Un tour de passe-passe discutable démocratiquement parlant avait alors fait accepter, en un vote, tous les articles d’une proposition d’un parti tiers, écartant toutes les propositions de la commission. Nous n’avions alors pu débattre des différents principes que nous voulions amener, et nous retrouvions à la fin du plénum, avec une quinzaine d’articles, écrit par un seul parti politique, remplaçant nos mois de travail.

Difficile alors, de reprendre les travaux par la suite pour nous, treize commissaires, des articles non débattus, n’émanent pas de notre commission, avec une tension palpable résultant de cette « lecture des principes ». Les premières rencontres de l’ « après » plénum furent alors quelque peu compliquées. Nous ne savions de quelle version partir, nous restions campés sur les positions chères à nos couleurs, et la frustration de n’avoir pu échanger sur notre premier travail fut difficile à surmonter…

La diplomatie de notre président de commission, ainsi que le volonté de toutes et tous de présenter une version accomplie des droits fondamentaux pour notre Constitution nous permit de surpasser ces diverses problématiques. Ce fut alors un bel apprentissage de l’exercice politique, bien qu’il fut épineux pour une jeune socialiste comme moi, d’accepter le jeu des compromis nécessaires à l’avancement de nos travaux.

L’entente qui a su être acquise au sein de cette commission nous a finalement permis d’achever un catalogue complet de droits fondamentaux. Parmis ceux-ci se retrouve : un principe de non-discrimination à l’égard de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre notamment, un droit à l’inclusion, un droit à un environnement sain, des droits à la formation professionnelle, des droits fournis de l’enfant et des personnes en situation de handicap etc. etc.

À voir finalement lesquels de ces articles passeront ou ne passeront pas aux plénums de septembre et octobre, mais en tous les cas, cette commission aura su démontrer la possibilité de travailler ensemble malgré de fortes divergences, vers un objectif commun. Et c’est ça finalement, la politique.

Caroline Reynard