Florian Robyr, secrétaire général de la Constituante

Présentation personnelle
Florian Robyr est le secrétaire général de la Constituante en Valais. Âgé de 38 ans, Florian Robyr était jusqu’en 2019 secrétaire politique du groupe parlementaire PDC aux Chambres fédérales.
Il est titulaire d’un Master en Science Politique (MA Pol. Sc.), gouvernance et action publique Faculté des sciences sociales et politique, Université de Lausanne.

Le Peuple.VS : vous avez été brillamment élu au poste de secrétaire général de la Constituante le 29 avril 2019.  En quoi consiste votre fonction ?
On peut apparenter le secrétaire général à un chef d’orchestre. Il est employé de la Constituante, contrairement aux élu·e·s. Son devoir est de veiller à la tenue des délais, à la coordination entre les dix commissions thématiques et les trois commissions institutionnelles, soit la commission de rédaction, la commission de coordination et la commission de participation citoyenne, ainsi que le Bureau et le collège présidentiel.

Vous avez été actif au sein du PDC à Berne. Parvenez-vous à ne pas « faire de la politique » en tant que secrétaire général de la Constituante ?
Lorsqu’on est actif pour un parti politique, on a une vision très partisane. Cette nouvelle fonction m’a offert une plus grande ouverture d’esprit, une vision plus large, au-delà des clivages.

Quelle est votre marge de manœuvre, votre rôle ? votre « pouvoir » en quelque sorte ?
Là aussi, je vais reprendre l’exemple du chef d’orchestre (je suis moi-même membre d’une fanfare). Ce n’est pas le directeur de la fanfare qui décide du programme musical. Je travaille « sous les ordres » du collège présidentiel et du Bureau et j’applique en quelque sorte leurs directives. Je n’ai nul envie ou besoin de pouvoir, au contraire, j’apprécie la vue d’ensemble que m’offre mon poste, tant sur le fond que sur la forme. Je planifie l’agenda, le budget, je participe aux séances des commissions, et si divergence il y a, je peux proposer mes services pour arriver à un compromis.
Je travaille avec deux juristes qui relisent les textes, et c’est là notre rôle aussi. Pour citer un exemple : une proposition qui consistait à inscrire l’imposition individuelle dans la nouvelle Constitution a dû être retirée après son acceptation au plenum, parce qu’elle était contraire à la législation fédérale.

En janvier 2021, les travaux de la Constituante avaient été mis en consultation. Vous avez du reste précisé qu’il ne s’agissait pas d’un sondage, mais plutôt d’une prise de température. En quoi cette consultation a-t-elle influencé les travaux par la suite ?    
La consultation a eu lieu après la première lecture. Il était intéressant de consulter la population pour, justement, prendre la température. Dans l’ensemble, il en est ressorti que la population est parfois plus « audacieuse » que les Constituant·e·s mais que les avis ne divergent pas de manière flagrante entre élu·e·s et électeur/trices. Il y a un sujet qui mettait tout le monde d’accord, le droit de vote à 16 ans n’a convaincu ni les uns, ni les autres !

À quel stade d’avancement se trouvent les travaux de la Constituante en ce moment ? sera-t-il possible de tenir les délais ?  
La deuxième lecture devrait être entamée dès la mi-juin. Ce, une fois que le texte actuel aura été vérifié par des experts quant à sa conformité juridique et que les commissions auront élaboré l’avant-projet de deuxième lecture. Le délai pour la remise de la nouvelle Constitution au Conseil d’État est fixé à juin 2023. Ce délai est tout à fait réalisable. Reste à savoir si les Constituant·e·s proposeront une troisième lecture…

Quelles sont les chances pour que la nouvelle Constitution soit acceptée par la population valaisanne ?  Et quels sont les risques que le texte soit rejeté ?
La « chance » de ce nouveau texte est évidente : il s’agit d’une Constitution adaptée à notre époque et qui répond aux préoccupations actuelles de la population valaisanne. Les Constituant-e-s ont abordé tous les sujets, il y a eu une large discussion, des débats intenses, c’était essentiel de se poser toutes ces questions. Je crois pouvoir dire qu’il n’y pas de sujet tabou, et que les débats ont (presque) toujours eu lieu dans le respect et la courtoisie.
Le « risque » viendra peut-être du manque d’intérêt pour la campagne. Les partis politiques auront la responsabilité de mener cette campagne. Il faudra intéresser la population, l’encourager à s’informer, et à se mobiliser au moment de la votation ! Faire campagne pour une nouvelle Constitution est un défi majeur, le texte est complexe, dense. Il faudra éviter le piège de la cristallisation autour d’un article ou d’un thème. 

​Interview réalisée par Barbara Lanthemann, rédactrice en cheffe Le Peuple.VS