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Remettre l’Eglise au milieu de l’école

2/3/2018

 

Voici un article datant de 2015, mais qui permet, aujourd'hui, de comprendre pourquoi MGr. Lovey peut licencier une "spécialiste" sans que cela ne pose le moindre problème!

Remettre l’Eglise au milieu de l’école
 
Lundi matin 14 décembre 2015, en pleine période de l’Avent, lors d’une conférence de presse qui mériterait à elle seule la rédaction d’un article[1] tant le contenu en a été stupéfiant, Oskar Freysinger accompagné de MM. Jean-Marie Lovey (Evêque de Sion) et Beat Abegglen (Président du Conseil synodale) ont signé une convention entre l’Ecole valaisanne et les Eglises reconnues[2]. Ce document, censé formaliser une situation actuelle mérite le détour.  Pour mémoire, depuis 2003 le Valais a opéré un changement par l’abandon du catéchisme à l’école au profit d’un cours d’enseignement des religions. Comme on le verra, dans cette histoire, tout n'est pas aussi clair que la séparation de l’huile et de l’eau.
Je vous propose ci-dessous une lecture rapide et critique de la vision que défend le Département de la Formation et de la Sécurité (DFS) en matière d’enseignement religieux.
 
Pour l’école primaire (1H à 8H)
- Article 5 b) : « L’Eglise met à disposition des classes des intervenants ecclésiaux, à titre de spécialistes pour dispenser de façon régulière les cours prévus au programme à raison d’au moins une période hebdomadaire, en collaboration et en présence du titulaire ».
Quand on sait que les périodes d’enseignement des religions à l’école primaire varient d’une à deux périodes hebdomadaires, cette disposition revient à sous-traiter presque totalement cet enseignement à l’Eglise. Si c’est le cas aujourd’hui dans certaine commune (mais de manière minoritaire), cette convention ambitionne donc une généralisation de l’usage de « spécialistes » issus de l’Eglise. De plus, au vu de l’appel de l'évêque pour la recherche d'intervenants afin de pouvoir répondre à la demande[3], cette volonté de généraliser sonne comme un véritable retour de l’Eglise dans les écoles.  Quelle sera la neutralité de ces intervenants ? Quelles seront leurs compétences pédagogiques ? Quelle place sera laissée à l’Eglise réformée également reconnue ? Voilà quelques questions que l’on est également en droit de se poser.
 
- Article 6 : «  En plus de cours prévus à la grille horaire, les Eglises reconnues peuvent organiser des activités à but catéchétiques destinés aux élèves de leur confession respective, jusqu’à 11 jours effectif pour l’ensemble de la scolarité obligatoire. »
Il faut noter qu’actuellement il est possible d’organiser sept jours. La convention prévoit donc quatre jours de plus (11 jours) pour les Eglises « dont le contenu et le déroulement sont laissés à la liberté des Eglises reconnues» [4]. Le DFS veut donc laisser plus de temps aux Eglises en leur octroie une liberté totale. Pendant ce  temps là, tous les élèves dispensés s’occuperont à attendre leurs petits camarades pour finalement reprendre les enseignements de base comme le français ou les mathématiques.
 
Pour les écoles du Secondaire I et II
- Articles 7 et 9 : « L’Eglise est consultée pour le choix des enseignants du cours ‘Ethique et cultures religieuses’ [n.d.A : enseignement non confessionnel], qui doivent recevoir une habilitation de leur autorité religieuse respective avant d’être engagé par le Département selon la procédure ordinaire ».
Cette disposition, apparemment non appliquée actuellement, créé de facto la confusion dans l’autorité de nomination. Elle pose de plus un certain nombre de questions dans sa mise en œuvre. S’applique-t-elle aux nouveaux engagés uniquement ? Qui est l’autorité religieuse respective des enseignants ? L'évêque, le Synode,...? Qui a le dernier mot en cas de désaccord ?
 
Les quelques contacts pris chez les enseignants m'ont convaincu d'une part, que certaines dispositions évoquées ne sont actuellement pas appliquées et que, d’autre part, les associations professionnelles n'ont pas été consultées. On est en droit également de se questionner sur la forme du document : une convention qui échappe à tout processus démocratique, en particulier parlementaire. On se souvient que le Grand Conseil a longuement discuté de la journée ou demi journée pour la première enfantine, du niveau exigé pour rejoindre le collège dès la deuxième du CO et de l’effectif des classes pour l'enseignement de l'allemand au CO. Apparemment, quand il est question de l'enseignement religieux, les vieux réflexes absolutistes induit par la confusion des pouvoirs réapparaissent au galop.
 
Finalement, on perçoit assez facilement la volonté du DFS de remettre l’Eglise au milieu de l’école. Sous couvert du développement de la spiritualité (l’Eglise en a-t-elle le monopole ?), on fait fi des changements sociétaux qui indique que la pratique religieuse diminue[5] et que nous vivons dans une société où les religions sont plus diverses que dans le passé. A la lecture des quelques questions évoquées, on doute également qu’elle pourra réellement être appliquée. Mais est-ce là son but ? Il apparaît plutôt que le Chef de Département a utilisé ce document comme support à son discours politique, pour mettre de côté ceux qui ne possèdent pas la « religion locale », au même titre que l’initiative de son parti sur le voile à l’école.
 
Après une année 2015, dont les événements terriblement marquants ont été la crise migratoire et les attentats de Paris, il est plus que nécessaire de trouver une manière de vivre ensemble, sans remettre en question nos valeurs et nos libertés. Cela passe par un processus de retrait (et non pas de renforcement) de l’Eglise des écoles, retrait qui ne veut pas dire que les Eglises n’ont pas leur place dans le débat public. Dans le contexte de crise migratoire, l’évêque a d’ailleurs plusieurs fois appelé à l’accueil des migrants. Mais accueillir les enfants des migrants, c’est aussi leur permettre de vivre une scolarité qui respecte toutes les confessions et dans laquelle, ils ne sentent pas mis à l’écart.
 
Florian Chappot


[1] A écouter le compte-rendu de Marie Giovanola :  http://www.rts.ch/info/regions/valais/7338201-le-valais-s-allie-aux-eglises-pour-favoriser-la-pratique-spirituelle-des-jeunes.html

[2] Convention sous : https://www.vs.ch/documents/529400/1442286/20151214095239071.pdf/9b13db87-e16f-4756-a074-1280e6416018

[3] http://canal9.ch/enseignement-religieux-collaboration-entre-ecole-et-eglises-fixee-dans-une-convention/

[4] Les églises reconnues : à comprendre dans la toute grande majorité des cas comme l'Eglise catholique.

[5] Selon des études récentes (2015), moins de 20% des Suisses sont des pratiquants réguliers.


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