Le résultat du second tour de l’élection au Conseil des États a fait couler beaucoup d’encre. Des commentaires comme « c’est un diktat du Haut-Valais » ou « c’est de la faute des abstentionnistes du Chablais » ont constitué le troisième tour de cette élection. Selon ma perspective, cette élection qui a vu Beat Rieder et Marianne Maret accéder à la chambre haute, est le fruit d’un vote régional, articulé à une cause institutionnelle : l’existence de bulletin comprenant des listes partisanes. Car si le comportement électoral des diverses régions de ce canton compte, il ne faut pas oublier l’effet du mode d’élection qui a un réel impact sur le résultat.
Pour l’élection au Conseil des États, c’est le canton qui peut fixer ses modalités. En Valais c’est un scrutin majoritaire plurinominal permettant la constitution d’une liste de deux candidats, ainsi que le panachage. Cette manière de faire, si elle offre une certaine liberté à l’électeur, tend à amplifier la victoire du parti le plus fort en élisant l’ensemble des candidats de sa liste. Elle est probablement issue de la période hégémonique du PDC, car elle permet de garantir une représentativité géographique, soit un élu du Valais supérieur et un autre du Valais francophone. Lors du second tour du 3 novembre 2019, de nombreux Haut-Valaisans ont voté la liste du candidat sortant Beat Rieder et donc en partie par défaut, Marianne Maret qui se trouvait être sur la même liste. Ce phénomène s’est produit également dans le Bas-Valais où de nombreux électeurs ont voté Mathias Reynard et sur le même principe Brigitte Wolf. Mais comme le PDC est encore le parti le plus fort dans notre canton, il rafle les deux sièges. On le comprend bien, ce mode de scrutin ou plus précisément la forme du bulletin avec deux noms préinscrits (le diable se cache dans les détails), a une conséquence très importante sur le résultat final. Au fond, que l’électeur haut-valaisan vote pour un candidat haut-valaisan n’est en soi pas critiquable. Il vote comme bon lui semble, et tant mieux. Le problème provient de l’effet d’aspiration que produit la liste sur le candidat moins connu dans une région, candidat qui est en quelque sorte accroché à la roue du leader. Cet effet contredit le principe de l’élection majoritaire dans sa version suisse. Car dans notre pays, le scrutin majoritaire ne prône pas l’idée d’un parti gagnant « qui parle d’une seule et même voix » mais celle de l’élection de personnalités, qui transcendent les clivages partisans. Dès lors, si le système majoritaire me semble défendable pour l’élection au Conseil des États, il se doit d’atteindre son objectif d’élection de personnalités en ne permettant plus les listes à deux candidats. Deux mises en forme existent dans de nombreux cantons : (1) l’électeur reçoit une liste de tous les candidats, il peut cocher deux noms (notamment SG et GE) ; (2) l’électeur reçoit un bulletin vide, il peut inscrire lui-même deux noms (notamment BE, ZH, SO). Les règles du jeu électoral sont un enjeu de pouvoir bien trop souvent verrouillées, voire négligées dans le débat politique en Valais. Souhaitons que l’assemblée constituante valaisanne se penche attentivement sur ces questions et amène une réforme qui défende un équilibre démocratique et régional dans notre Canton. Dans ce sens, la Constituante ne pourra pas faire l’économie d’une réflexion sur le mode d’élection au Conseil des États mais aussi au Conseil d’État. Florian Chappot, Conseiller municipal à Sion La section commentaire est fermée.
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